Mon moteur à vapeur s’enraye,
Il s’enraye dans les rayons,
Dans les rayons de la roue avant,
De la roue avant de ma brouette,
Brouette de secours, l’autre est déjà pliée,
Pliée en deux, en trois, en quatre,
Quatre fois pliée de rire,
Quatre fois dépliée à en pleurer,
Mon moteur à rayons s’emballe,
Il s’emballe dans du papier argent,
Argenterie, c’est une impasse,
Passe la baballe à ton voisin,
Mais la roue à brouette de mon moteur est à vapeur,
Elle transpire,
Ahane,
S’épate,
Se carapatte,
Le moteur est à pattes,
Pattes de mouches,
Mouche du coche,
Piquée.
Mon moteur à mouche du coche est piqué de vapeur à brouette,
La vapeur du coche pique la brouette de la mouche à moteur diesel,
Le coche brouette le moteur à vapeur du diesel monté sur une patte de mouche,
Les rayons en ressortent tordus,
La voile est enrouée, La roue est dévoilée,
La bête pique le diesel de la vapeur monté sur le coche de la mouche qui braie comme une mule.
Qui c’est qui conduit ici ?
Je repire comme je crie,
J’écris comme je respire,
Si je m’arrête d’écrire,
Est-ce que je vais encore respirer ?
Le char qui me tire
Qui me tire par les rênes de la vie ?
Qui me dit c’est par là, par ici,
Ne prend pas cette voie là mais suit celle que voici,
Ne précipite pas tout, réfléchis c’est ainsi,
Que tu iras plus loin et que tu atteindras,
Les bords les plus osés des rêves les plus fadas ?
Est-ce le moteur de l’âme où une quelconque idée ?
Est-ce la précieuse essence d’un cœur un peu usé ?
Ou bien serait-encore cette intime conviction,
Qu’il existe un grand ordre qui guide nos actions ?
Quoiqu’il en soit cette fois, mon moteur ronronne,
D’une détermination dont pas une seule personne,
Ne coupera l’élan, ni les ailes, ni les voiles,
Ni le roulis tanguant que navigue mon vaisseau,
Soulevé de ces vagues qui viennent et puis reviennent encore,
Et qui font de mon âme un espoir à jamais.
Le char doux de l’amour vogue donc sous les étoiles,
Chahuté de tendresse et de joie, d’escargots,
Qui en bavent doublement du chagrin de ta peau,
Où transpirent lentement les brumes du château,
Dans lesquelles tu erres à chercher cette paix,
Qui ne viendra seulement qu’une fois ton choix fait.
Le pivot de ma nuit
« La poésie avant d’être des poèmes c’est une façon d’être, liée à une révolte, peut-être la plus humaine possible. Une révolte qu’on a tous connu étant adolescents qui est la révolte devant d’un coté l’immensité des désirs que chacun porte en lui et le peu que la vie permet de vivre. Je crois que la poésie, si elle ne porte pas cette conscience du malheur d’être homme eh bien elle n’existe pas. En même temps, la poésie c’est aussi ce qui permet de conjurer ce malheur justement en affirmant qu’un geste, un regard, un être, une passion peuvent faire que le monde réponde à l’immensité du désir. »
— Annie Le Brun, interview chez Bernard Pivot, Apostrophes, 1988
Le pivot de ma nuit
Tu me regardes toujours avec cette insistance,
Sur laquelle je danse,
Et si par hasard, mes yeux évitent les tiens,
Toi tu me retiens.
Et toi,
Et moi,
On aime.
Tu es le pivot de ma nuit,
Tu es mon plus bel ami,
Et nous aimons cet ennui,
Qui gèle l’accès au paradis.
Parce-que, tu vois, j’y vois.
Tu es le sel de ma terre,
Tu es la plus vive lumière,
Celle où je baigne mes tristesses,
Celle où je vais quand tout me blesse.
Tu vois, c’est ça, l’amour.
Tu me regardes encore avec cet air taquin,
Moquer mon chagrin,
Mais au fond, que cachent tes sourires,
Sinon tes soupirs.
Je crois, en toi, pourquoi ?
Tu es mon île au trésor,
Mon cocotier où je me dore,
Le doux repos auquel j’aspire,
L’élan d’amour que je respire.
Tu vois, c’est toi,
Et moi.
Mon espace de joie.
Résolue à vivre et pourtant
J’me suis jetée par la fenêtre du haut de mon rez-de-chaussée,
J’me suis jetée dans les ténèbres à midi un mois de juillet,
Au pied du massif d’hortensias je suis tombée sur mon coccyx,
Tant et si bien que se brouilla ma vision dans ce précipice.
Y’avait toute une végétation qui m’enserrait jusqu’à la gorge,
Et moi dans ma résolution d’agoniser je m’interroge.
J’me suis pendue aux essuie-glaces par canicule sans grand succès,
J’ai dérivé fonctionnellement le mur de glace qui m’habitait,
Mais quand j’ai vraiment manqué d’air, que mes poumons bien comprimés,
Ont commencé, démissionnaires, à vraiment vouloir me lâcher,
J’me suis dit qu’la torture aidant valait mieux que j’me casse une dent,
Contre la porte du vivant comme sur un mur un peu dément.
Alors je suis rentrée chez moi après avoir tout découpé,
Dans ma poitrine recroquevillée y’avait plus que du sang séché,
Et plus rien pour dire le vivant,
Et plus rien pour sauver mon sang.
Le surfeur
Un surfeur fatigué fait la planche,
Il planche divinement bien ce petit surfeur,
Il penche même du côté où il planche,
Et en tombe,
Amoureux.
La pelle au bois dormant
Elle aimait un râteau, la belle pelle à gâteaux,
Et les gâteaux l’aimaient bien plus qu’elle ne pensait.
Mais le râteau passait lissant la chevelure,
Des herbes folles et hautes, coiffant leur démesure ,
Sans jamais s’arrêter devant son plat parfait,
Ni même la remarquer, ce râteau ratissait.
Son bois est endormi, pensait la pelle en pleurs,
Et ses griffes dentues ne caressent que la terre.
Qu’il devienne le loup me mange et me digère,
J’aurai au moins vécu pour cette dernière heure.
Mais le râteau pensait que la pelle à gâteaux,
N’aimait que de servir ses divins plats sucrés,
Et il grattait la terre pour ne pas y penser,
Et il coiffait les herbes pour celle-là oublier.
L’éplucheur à certitudes
L’oignon doux des croyances,
S’épluche à la souffrance.
Il pique un peu les yeux,
Fait des points lumineux,
Glisse un brin de lumière,
Puis décolle les pelures,
Une à une il épure,
Le centre et la frontière,
Afin que son iris,
Redevienne fantaisiste.
L’imagination est fonction du désir
Une mise en bière peu ordinaire,
Dans la poitrine du temps.
Mon cœur bat,
Des ailes.
Dans le tonnerre de l’horloge,
L’orage chante.
J’entends la douceur,
La douceur de décembre,
Et qui dissout novembre,
Dans la douceur d’un cœur qui tremble.
Elle est nostalgie du futur,
Au fond des combles à venir.
Verra sans doute l’espoir grandir,
Dans la flamme vibrante du désir.
Décélération
J’ai mis le ralenti à fond et le pléonasme est sorti vainqueur.
Paradoxalement, le principe même de la torpeur éveillait à d’autres lenteurs,
De consistance bien plus remplie, de saveurs plus épanouies,
Que cette course fébrile à la vie.
Du ciel à la terre
L’éclair de lucidité,
Va parfois farfouiller,
Ses parties anonymes,
Qui ne sont pas sublimes.
L’écho de la comète,
S’éloigne et ne lui prête,
Aucun désintérêt,
Car il le reconnait,
Mais refuse de sombrer,
Dans ses tristes filets.
Paladine
C’est une chevalière,
Montée sur un poney,
Qui arbore en bannière,
Une fleur de muguet.
A son cou elle portait,
Une parure de bleuets.
Comme un sourire inquiet,
Se devine sous ses traits.
Sa monture se fatigue,
Et le ciel n’est prodigue,
Que dans l’économie.
Tant de parcimonie,
A usé les espoirs,
Et la force d’y croire.
Le bocal de cornichons
Ils étaient rassemblés,
Confits dans leur bocal,
Comme des danseurs de bal,
Qui ne savent plus danser.
L’aigreur était leur lot.
Ce que vinaigre exhale,
N’est jamais très très beau.
Le génie de l’esprit
A qui est ce cerveau où culmine le stratège ?
Car il décrit l’écho du nerf qui se relève,
Deux semaines à l’avance, comme si déjà prescrit,
Dans son for intérieur, il sentait le défi.
C’est de fibre logique que s’enchaînent les faits,
Et de bonne connaissance que se nourrit l’effet.
Les maillons lentement se sont tous resserrés,
Laissant juste l’espace pour qu’il puisse respirer,
Mais le piège se referme sur un bouquet de vie,
Qui n’a rien d’une fleur mais respire le suri.
Il y a tant de haine dans ce triste assemblage,
Tant de colère rentrée, d’échecs et de naufrages,
Que même la misère à côté nous odore,
Et qu’un cerveau chavire devant tant d’inconfort.
Elles se sont ajustées comme un collier de perles,
Les lames de son va-tout, les chances où se déferle,
Monstrueuse en puissance, à friser l’homicide,
L’ire de toute une enfance qu’un père tyran trucide.
Pour couper le chemin à cette transmission,
Il faudra la comprendre, l’aimer sans omission,
Quand le cœur dévasté en aura vu l’ampleur,
Et compris la leçon d’un génie aiguilleur.
Sujets sérieux à éviter
La plaque tectonique a bougé,
Et l’univers s’est décalé.
Dans les anfractuosités,
Un peu de la mort s’est glissé,
Laissant exsangue et sans partage,
L’océan brûlant du carnage.
Ici plus rien n’est à sauver,
L’univers vient de décimer,
L’œil du futur, le rêve cassé.
Verve de culture
Sujet verveux par excellence,
Que d’étaler sa connaissance,
Quand on est un bon orateur !
Sujet boulet planté sur l’heure,
Sur une horloge de contre-pied,
Qui trépigne avec impatience,
Hors de rage dans la quintessence,
Crachant l’orgueil de la bataille,
Sur son petit chapeau de paille.
Sujet au comble de l’ennui,
N’ayant plus que des courts-circuits,
Ne pas confondre avec cuis-cuis,
Qui pépie sec et pas qu’à l’eau,
Et parait-il est un oiseau.
Je n’aurais jamais cru tout ça,
Si de verve autant que d’éclats,
Je n’étais témoin ce jour-là.
La chute
L’agonie est si douce que son râle me perfore,
Quand le lac vient lécher mes orteils et dévore,
De sensations brûlantes la plante de mes pieds,
Et soulève une vague aux courants irisés.
Invisible est l’épée parcourant mes vertèbres,
Pourtant c’est de percer le cœur de mes ténèbres,
Que sa lame effilée répand dans la lumière,
Le brasier d’une écume où se consume une pierre,
Aussi dure que ton cœur, aussi sèche que l’enfer,
Où tu plonges ta vie vouée à la misère.
Tromperies
Si tu pouvais m’écrire, me dire ta vérité,
Et puis cesser de fuir, de filer l’imposture,
Cesser de recouvrir de voiles en devantures,
Ton visage de démon ou d’ange, je ne sais.
Si tu pouvais une fois montrer ton vrai visage,
Mais ta vie est absente, ton bateau fait naufrage,
Affligeante ignorance de ce qu’est ta nature.
Alors de mon sourire je trompe la morsure,
D’où s’écoule le sang dans un filet de vie,
Ruisselet démuni en perte d’énergie,
Creusant comme un foret un cratère de souffrance,
Dans un cœur cimetière condamné à l’oubli.
Tes silences et tes mots font d’une belle confiance,
Une charogne grinçante, et l’écho d’arrogance,
Qui grimace sous ta langue, répand de son venin,
La triste déchéance en traçant le déclin,
De notre bel amour gourmand comme un festin.
Un démon de colère se réveille en sursaut
Qui a touché la fibre optique ?
Car elle éclaire d’un œil oblique une vérité peu sympathique,
Et réveille le nerf de la guerre dans un grand sursaut de colère.
Ce jeu-là est bien dangereux,
Mais le sursaut est vigoureux,
Et le démon bien réveillé montre des dents bien aiguisées,
Qui vont enfoncer une vengeance au cœur d’un cœur déjà cassé.
Serait-ce l’âme de la bienveillance ou la peur d’aller s’y briser,
Il n’est pas encore en partance mais prépare quand même son armée.
Saura-t-il emporter la guerre sans avoir à mordre au travers ?
Le goût du sang qui a souffert ne porte avec lui que l’enfer.
Du haut de sa mansuétude,
Un cerveau se met à l’étude,
Pour mettre en place une stratégie,
Eclairant le cœur de la nuit.
Les rampants du devoir
Ils se faufilent en grande couture,
Par-delà démons et cyanures,
Pour aller broder leurs poisons,
Aux courants surs de l’allusion.
Leurs aiguillons chirurgicaux,
Attisent du venin sulfurique,
Aussi sinuant que toxique,
Pour les volutes du cerveau,
Où des mouroirs de perfidie,
Cassent du rêve sans aucun bruit.
Petites bombes à retardement,
Qui font un devoir de rampants,
Enchaînant le pire au meilleur,
Dans le carcan du déshonneur.
Un serpent dévasté gît sur la colline
Aucune boucle ne vient jamais incrémenter le chemin parcouru.
Sur les bordures du sentier sinueux des squelettes imprévus,
Dépouilles et peaux fanées,
Font ces mues égarées semées,
Disséminées,
Témoins des pertes accumulées.
Au loin, une étoile a cessé de briller.
Pertes et fracas, oraisons et funèbres,
Nœuds de vipères assassines,
Des chemins qui s’enfuient autour des peaux de zèbres,
Grattent des nids venimeux aux piqûres d’épines,
Brindilles entremêlées où se tenait l’oiseau,
Et les vides s’installent en gagnant le bon dos,
A cheval sur le mont qui n’était qu’une motte.
J’y voyais une jument allongée qui tricote,
Au bruit des coups d’aiguilles piquant chaque trou de maille,
Jusqu’à effilocher bien plus sûre que l’entaille,
Le fil qui reliait le centre d’un organe,
Où se tient une déesse au doux prénom de Diane.
L’imprévu n’a de nom que l’usure de la mort,
Et plus aucun soleil n’éclaire son triste sort.
Les âmes au cordeau
Ils ont imaginé le monde,
Comme une grande calculatrice,
Qui de procédures en abysses,
Mesure les marqueurs à la ronde…
Ils en ont rempli des feuillets,
Pour s’en gargariser ensuite,
En allant chiffrer des bouquets,
De bonheurs qui prennent la fuite…
Têtes bien réglées dans les cordeaux,
Ils savent asséner leur vindicte,
Sous couvert de tous ces totaux,
Ces mesures d’une qualité stricte…
Ils font sécher des immortelles,
Croyant mettre le monde en bouteilles,
Ne distillant que du vinaigre,
D’une raison devenue maigre…
Et de cet acide bienfaisant,
Ils en tartinent tous les tympans,
Jusqu’à ce que la surdité,
Emporte l’âme à l’agonie,
Sans jamais laisser de répit,
A aucune forme de liberté.
Les âmes au cordeau sont bien roides,
Car de cette intelligence froide,
Ils se fabriquent à l’infini,
De l’artifice en paradis…
Les jours entiers ne voient plus rien
L’instant fragile,
Venait de découdre le fil,
Et le collier s’était cassé,
Toutes les perles avaient roulé,
Dans les nuages accumulés.
Il y avait tant de grisaille,
Que même les pierres de nos murailles,
Avaient perdu toutes leurs couleurs,
Faisant une grimace de douleur.
Le temps annonçait la tempête,
Et la météo qui s’entête,
Roulait un tambour du tonnerre,
Pour que les murs tombent à terre.
Une aiguille qui passait par là,
Glissa un regard dans le chas,
Et traversa le grand brouillard,
Piquant par erreur sans égard,
Les particules de ce crachin,
Jusqu’à vider tout le venin.
On n’est jamais loin du désastre,
Quand l’orage gronde et nous dévaste,
Aveuglant de ses piques noires,
Dans l’étendue du désespoir.
J’ai chaussé les lunettes pour voir,
De quelle catastrophe accessoire,
Surgissaient les nuages de pluie,
Pour y étendre toute sa nuit.
Mais le jour ne voyait plus rien,
Même le soleil n’était plus plein.
Une lueur venait du nord,
Elle a pris l’aiguille par le corps,
En enfilant toutes les perles,
Venant de ce ciel qui déferle,
Aussi aveuglément qu’un ciel,
Qui en deviendrait torrentiel.
La paire de lunettes pris le large,
Pour ne pas finir en décharge,
Et le collier fût réparé,
Les couleurs reprirent la santé,
Le grain venait de se vider,
De sa substance envenimée,
Aucun mur n’avait résisté,
A la lumière d’un jour entier.
L’enfer m’a flanquée à la porte
Je commençais à explorer,
Ses recoins les plus inhabités,
Quand le diable a levé une paupière,
En me crachant toute sa colère.
Qu’as-tu à disperser le miel,
Petite chose au cœur de fiel ?
Ici tout le monde doit souffrir,
Vas donc au paradis périr,
Si tu as encore le culot,
De semer trésors et cadeaux !
J’avais la hotte du père Noël,
Et le trésor providentiel,
Des jolies formules bien pendues,
Pour contourner l’individu.
Mais quand l’armée des pénitents,
M’a jetée au fond du néant,
Satan a soufflé de travers,
Pour m’envoyer hors de l’enfer.
Va, pustule, sucrer les pommes d’or,
Et ne reviens jamais, d’accord !
Mais qu’ai-je donc fait pour mériter,
De ne plus pouvoir explorer,
Tous ces recoins inhabités,
Que je commençais à aimer ?…
Le sourire
La flaque d’eau reflétait,
Elle reflétait…
Tant de belles choses,
Qu’elle reflétait tranquille,
D’un sourire immobile.
Les ballons lyres
Bouquet de couleurs vives,
S’envole vers d’autres rives.
Le vent l’a emporté,
Et l’enfant désolé,
Qui le voit s’éloigner,
Impuissant de chagrin,
Tente de retenir,
Une larme en son sein.
Touché par le sanglot,
Le courant du zéphyr,
Prend l’enfant par la main,
Et sonne comme un grelot,
D’un grand rire aux éclats,
Pour qu’un bouquet béat,
Revienne à l’angelot.
Ainsi vont
Les feux s’éteignent doucement,
Sous la distorsion assassine
Du jeu miné qui se décline,
Jusqu’à détruire tout lentement.
Rien ne résiste à la poussée,
Du temps qui vient nous acculer,
Comme le ferait une destinée,
Et sous les décombres du temps,
Pousse une fleur immaculée,
Celle de nos rêves innocents,
La rose qui nous offre la paix.
Elle pousse au cœur du dénuement,
Quand plus rien ne vient résonner,
Et défie l’espace et le sang,
Des guerres et des conflits usés.
Ainsi vont les meurtres du vent,
Quand le cœur vient à dépasser,
Tout le visible et l’apparent,
Des ruines qui nous ont épuisées,
Jusqu’à l’or plein de nos instants.
L’autre
De creux en pleins les déliés,
Font d’un article disparu,
Une impasse où je ne suis plus.
Foucault l’écrit à sa manière,
Ce qui était encore hier,
N’est plus le reflet d’une pensée,
Qui depuis s’en est éloignée.
Tourner les hypothèses
Tourner les hypothèses,
Sept fois dans la bouche du poète,
C’est un jeu qui apaise,
Mille fois mieux dix mille têtes,
Qu’une seule question posée,
Qui fait voir le danger.
L’envers du décor
Le décor à l’envers
Augurait du voyage,
Dissipant les nuages,
Pour qu’un soleil éclaire
La marque du destin
Tatouée sur nos fronts,
Qui se reconnaîtront
A nos nuits de chagrin.
Dans les coulisses du temps
Flottaient nos firmaments
Qu’il fallait retrouver,
Car s’étaient égarés
Nos mémoires archaïques.
Mais cet appel magique
A nouveau vient sonner,
Dans les réveils antiques
Le bonheur vient frapper,
Et toutes portes ouvertes
Quand tu le laisses entrer,
Une fleur est offerte
Tellement inespérée,
Que soudain le décor
Reprend toutes ses couleurs,
A l’endroit où demeure
L’amour qui nous honore.
Tout n’est pas dit
Dans les espaces blancs de l’hiver,
La neige ne porte aucune trace,
Le froid dessine comme un désert,
Même le souvenir s’y efface.
J’ai frissonné toute la nuit,
Mais le soleil s’était enfui,
La glace a figé nos deux cœurs,
Et la lune est noyée de pleurs.
Si rien ne vient les réchauffer,
La mort finira par faucher,
Toutes les jolies pousses de bonheur,
Qui recouvraient de leur douceur,
Mon âme épuisée des rigueurs,
D’une vie trop loin des profondeurs.
Tout est resté dans le non-dit,
Supposant la supercherie.
Lutter contre les grands silences,
N’apporte rien que de l’absence
Il faut sauver le soldat rodé
C’était un soldat à rapière,
Rodé de n’être pas en bière,
Il avait la capsule facile,
Et le jet un peu dispersé,
Quand sur la lunette des WC,
Il éclaboussait, l’ incivil…
Il était rodé à la vie,
Mais au fond pas si dégourdi,
Il avait l’odeur des grands fauves,
Et glissait sous la couette mauve,
Autant de vigueur que de peaux,
Il était le bon numéro.
La cocarde y aurait gagné,
Son lot de gloire et de succès,
Pour peu que l’orgueil le promène,
Du côté de mes deux prunelles.
Mais le soldat doté d’ergots,
Faisait la tournée des tripots,
Pendant qu’Octave et Mirabelle,
Se questionnaient sur l’infidèle.
Il fallait pourtant le sauver,
Car son âme était en danger,
Alors c’est la sécurité,
Qui est venu s’y atteler.
« Rentrez mon bon, dans vos pénates,
Et n’écorchez plus vos savates,
Dans le cube de votre glaçon,
Regagnez donc votre maison ! »
L’œil ahuri pris le soldat,
Comme un plongeur dans un faux plat,
Et du coup le rendit aveugle,
Ou sourd peut-être, enfin, il beugle :
« Que la croix vainque et vienne entière,
Qui porte la mienne va en terre,
Je suis le roi des papillons,
Dans les barreaux de ma prison. »
Dans son cerveau une synapse,
Décida de rompre la glace,
En lui rendant ses qualités,
Et en le laissant tout benêt.
Le gyrophare clignote encore,
En lisant ces derniers accords.
Il était rodé à l’ouvrage,
Mais pas aux lettres de l’orage,
Le front lui faisait sans doute mal,
Quand il tira double rafale.
La foi garda le trublion,
Aussi confit qu’un cornichon.
Les barreaux qui vont s’écarter,
Risquent de faire un infarctus,
Car la prison dans son astuce,
Avait prévu de verrouiller,
Toute tentative d’échappatoire,
Du soldat qui eut la victoire.
Le fossé
Creusé à la force du deuil,
Il a fabriqué son écueil,
Sans imaginer une seule fois,
La vérité du désarroi.
Il s’éloigne dans sa solitude,
Aveuglé par l’incertitude,
Que d’autres ont planté par mégarde,
Dans la faille où l’erreur s’attarde.
Alors l’errance taille son erreur,
Dans le fort de son intérieur,
Jusqu’à étendre son désert,
Aride espace où il se perd,
Par l’aveuglement solitaire,
D’un retrait vide et mortuaire,
Qui soustrait son élan de vie,
Aussi sûrement que l’apathie,
Que déploie son indifférence,
En présence habitée d’absence.
Ainsi il tisse sans le savoir,
La tragédie du désespoir,
Jusqu’à éculer dans son âme,
Même le bonheur qui se condamne,
De n’avoir su le reconnaître,
Au moment où il pouvait naître.
Graine d’utopie
Dualité amère,
Charrie ton fiel de traîne
Jusqu’au creux qui m’amène
A voir toute la déveine
Du chagrin ou des peines
Qui ornent la chimère
Dans son œil de misère.
Il fallait parcourir
Le fond du repentir
Jusqu’à laisser mourir
Les jardins où se mirent
De vieilles utopies
Aux allures de charpies
Devenues inutiles
Tant elles sont infertiles.
C’est alors seulement
Qu’un feuillage est plus grand
Dans le jardin des joies
Du réel qui fait foi.
L’impact
Une fausse note élogieuse,
Recouvrait le plafond,
De vapeurs ébrieuses,
Aux contours vagabonds.
Elle fixe la détresse,
Sans aucune tendresse,
Pour venir se loger,
Au centre-ventricule,
L’accusant en virgule,
D’un poing de cruauté,
Aussi dur qu’un rocher,
Qui décoche une flèche,
Et viendrait la planter,
De son regard revêche,
Au cœur de l’œil damné,
Que le chagrin assèche.
L’éloge de la fausse note,
Fait comme ces mélodies,
Que l’artiste pianote,
Jouant l’apologie,
De l’enchaînement fatal,
En épreuve glaciale.
L’impact était de taille,
A gagner la bataille.
Les bordures sont poreuses
L’espace peut s’agrandir, les bordures sont poreuses.
Un lieu à ressentir, illusion nébuleuse,
Qui de cette vision lucide n’a pourtant,
Pas encore posé sa démission pour croître.
Puisque la voie du sage toujours est opiniâtre,
Et les bordures poreuses pour que restent croissants,
L’objectif de l’esprit et la victoire intime,
Où se tisse un cocon en lame de justice,
Cet édredon confit où couche l’armistice,
En couperet joyeux sans aucune victime.
L’espace s’agrandira pourvu que prêtent vie,
Le désordre des mots, la vision qui s’ensuit.
Le nuancier stellaire
La palette des rayons d’étoiles,
N’en finit pas de m’étonner.
Certaines hauteurs ostentatoires,
Se bardent de sécurité,
Aussi inutiles qu’illusoires,
Et la nuance vient rattraper,
La beauté qui gonfle les voiles,
Des navires les plus retranchés,
Pour préserver le délicat,
Des tonalités incarnat,
Ou des indigos absolus,
Aussi célestes qu’imprévus.
Quand c’est le chariot qui prend feu,
Cassiopée entre dans le jeu,
Du navire Argo et d’Orphée,
Où règne un mythe un peu sorcier.
La Méduse gorgone pétrifiée,
Protégeait de son bouclier,
Toute la dimension du sacré.
Repassage
J’ai égaré le moteur,
De mon fer à vapeur !
Comment vais-je repasser,
La tonne d’idées fébriles,
Qui gouvernent imbéciles,
Le songe introversé,
Et remplit le panier ?
Déplisser l’écriture,
Ne fait pas bonne figure,
Quand le texte répand,
L’ouvrage en deux instants,
Celui qui s’est enfuit,
Celui qui se replie.
J’ai perdu le moteur de mon fer à vapeur,
En noyant son usage à sa grande stupeur.
Il faut recommencer à chercher le néant,
Pour que l’encre retrouve la vigueur de l’élan.
Les marrons mûrs
C’était, dans cet orage, comme un matin cireux, un soleil prodigieux.
Qui se lève insensé en rondes absolues ?
La farce du hasard ou la couleur des cieux ?
Ces peines accumulées ont délavé les bleus qui recouvrent encore la peau claire dé-vêtue…
Un « R » un peu hagard retrouve son chemin,
Dans un « M » sans fard qui offre son levain.
C’était dans le mystère un phare incognito,
Un rayon de regain, un contre, tout contre-alto,
Qui de sa passerelle envoilait de douceur,
Dans l’absence de fondements, l’empirisme du cœur.
Les fruits sur la toiture sont chauds et la maison,
Embaume son nectar au creux des quatre saisons.
Les filières de la confusion sont légion
Autant de pistes qui nous trompent,
Que de vérités qui s’estompent,
La cacophonie de ce monde,
Recouvre tout et nous inonde,
De points de vue pseudo-infus,
Qui égarent les centres aigus.
La nébuleuse est religion,
Dans toutes ses interprétations,
Pourvu que dans la diversion,
De tout aussi troubles scissions,
Soient reléguées en toile de fond.
De la mesure en toute chose,
Pour discerner ce qui oppose,
Le cannibale de l’herbivore,
Dans l’iniquité de l’effort.
Un rayon m’a touchée
Parce-que les mots sont impuissants,
Ils ne peuvent faire aucun reflet,
De ce qui bouge dans l’inconscient.
L’hydre remue les profondeurs,
Eveillant les limons vaseux,
Elle ondule sous ses longs cheveux,
Toujours prête à se dissiper,
Dans ses relents d’anciennes heures.
Par-delà démons et merveilles,
Toute une nature est en éveil,
Scrutant deux bouches qui se taisent,
Sous l’escalier de la falaise.
Ne dissiper aucun mystère
L’alternance du chaud et du froid,
N’atteindra pas le mitigeur,
Aucun tiède n’en découlera,
Le phénomène est à vapeur,
Pour que se meuvent, le mot est faible,
Les continus que rien n’achève.
Sur la pendaison du commode,
Une toile se brode et se dérobe,
A tous regards conventionnels,
Pour ne pas choir de son échelle,
Où les barreaux n’enferment rien,
Préservant un précieux dessin.
Succession
J’irai déchirer les ténèbres,
Hurlant que le ciel n’est funèbre,
Que pour les déchus de la joie,
Pour ceux qui ne l’abattent pas.
J’irai mettre en pièce l’illusion,
Que cache le jeu de la passion,
Et sur le bûcher de ses vêpres,
J’irai secouer le salpêtre,
Pour que les poudres à canons,
Ne tirent plus sur d’autres boulons.
Puis je chanterai la soufflure,
La dérision de la blessure,
Jusqu’à forger de son néant,
Le sabre d’or étincelant,
Héritage d’un fier samouraï,
A terme échu de sa pagaille.
Inexorable épaisseur
Sa voix plus que toute autre,
S’élève au-dessus du commun,
Mais cette voie qui était la nôtre,
N’effleure plus aucuns des tremplins,
De par ses contours incertains.
Aucune vision n’y change rien,
Ces étoiles dansant dans nos yeux,
Finissent en terrain argileux,
Glissant dans les ombres du sort,
Qui les emporte et les dévore.
Tout se dérobe à l’infini,
Lorsque se referme la nuit.
L’étoile sanguine de la dérive
Ce qui est mort nous salue,
Ce qui meurt n’a pas encore chu,
Dans le magma de l’invécu,
Du choc ou du risque encourus.
L’étoile dérive à la lisière,
D’un système complexe insolaire,
Et sa couleur se fait sanguine,
Quand c’est son noyau qui culmine,
Au méridien géodésique,
Des perceptions de son optique.
Ce qui reviendrait juste à dire,
Qu’elle ne veut pas s’indéfinir.
Du neuf à la paupière de mes jours
Sous l’air le bouillon d’un volcan,
Sous le feu l’espace et le temps,
Et cette pluie qui vient rafraîchir,
Ce qui refusait de s’ouvrir.
Glisse le regard puis entre un peu,
L’énormité tient en ce lieux,
L’infime espace de la seconde,
Jusqu’à apaiser ce qui gronde,
Et disparaître un peu plus loin.
La vie prend de drôles de chemins,
Pour arriver au lâcher-prise,
En libérant ce qui nous brise,
Pour que l’espace devienne plus vaste,
Et la complétude plus entière,
A perdre ce qui est néfaste,
Ou assombrit notre lumière.
Les états défilent inclassablement
Quel était donc ce gros nuage,
Et cette avarie de la poupe ?
Aucune racine en forme de coupe,
Ne contiendrait ce bel orage.
Plus de légers usages de mots,
Mais des filaments incertains,
Des traversées sans lendemain,
Qui dispersent à tous les niveaux.
Mais qu’a donc manqué le vaisseau,
Pour parfaire cette incohérence,
Jusqu’à déclasser même l’errance,
Au seuil d’un déclin de coteau ?
Car la pente n’allait pas vraiment,
Du côté de la fantaisie,
Mais poussait invariablement,
Vers le sarcasme et l’ironie.
La charnière vide
Ce qui pousse serait une brûlure,
Dans l’assemblage de la jointure,
Un vent qui vient encore broyer,
Le feu de son indifférence,
En attirant la braise dense,
Dans le vide qui s’est enkysté,
Sur la charnière dérobée.
Les plaines brûlées seront détruites,
Et le gond sortira ensuite,
Laissant les fenêtres grandes ouvertes,
Sur l’inertie d’une découverte.
Celle d’un grand vide désaffecté,
Qui construit son éternité.
Plus aucun lieu où se cacher
Quand le vers se laisse démasquer,
Que risque-t-il de plus que perdre,
L’illusion des fausses vérités,
Ou le mensonge qui le consterne.
Le courage de se dégager,
Des masques pour le regarder,
Ne confond aucune bienveillance,
Quand elle est preuve d’intelligence.
Si la perfection existait,
Même l’univers s’y ennuierait.
La confiance est un bien précieux,
Les yeux ouverts c’est encore mieux,
Et je veux bien rendre les armes,
Sans que ça fasse aucun vacarme.
L’art de la perdition
La brume opaque des ténèbres,
Fait fantasmer l’imaginaire,
Au-delà d’un rêve qui se perd,
Pour mieux se vivre sans tragédie.
L’idée qu’on s’en fait n’est pas vaine,
Elle alimente la lune pleine,
De tous les trésors engloutis,
Qui brillent encore dans la nuit.
Le climat y est tropical,
Dans ses hauteurs subliminales,
Une seule pensée soulèvera,
Le voile brumeux de son aura.